Résumé : |
Joseph-Marie Perrin (1905-2002), dominicain français, Juste parmi les nations, sacerdos in aeternum, et Simone Weil (1909-1943), philosophe française et juive, inclassable en tant que femme absolue = absoluta au sens latin du mot, se rencontrent à Marseille le 7 juin 1941, par lentremise dHélène Honnorat, catholique fervente de la paroisse universitaire et disciple spirituelle du Père car elle sait que Perrin pourra caser Simone comme ouvrière agricole selon son désir et bien parler avec lui de sa vision du christianisme. Le Père a été assigné au couvent de Marseille comme assistant aux étudiantes ; Simone, qui a quitté Paris « ville ouverte » avec ses parents, sy trouve en exil sans pouvoir obtenir un poste de philosophie en tant que juive. Leur rencontre est la rencontre entre deux certitudes de foi, enracinées dans la force de fidélité à leurs vocations précoces. Michel Perrin reçoit lappel de Dieu, Sois prêtre à onze ans en même temps que le diagnostic de la rétinite pigmentaire qui lamènera à la cécité presque totale ; cest grâce à sa mère qui le met aussitôt au Braille et ensuite en contact avec lInstitut des Aveugles dun côté et de lautre avec le Père Bernadot quil fera toutes ses études et deviendra dominicain, recevant ensuite lordination le Samedi 1929 avec une dispense de Pie XI. Simone, à seize ans, décide de consacrer tous les aspects de sa vie à la recherche de la vérité, « ne pouvant vivre sans elle » avec une oeuvre continuelle dauto-éducation en contact avec le « malheur de lépoque (en premier son année en usine, 1934-35, quand elle est déjà professeur de philosophie, formée pour lENS par Alain, son « seul maître en chair et en os ») dans toutes les questions « de vie ou de mort » auxquelles faire face dans « le réel ». Sa rencontre « de personne à personne avec Dieu à travers le Christ à labbaye de Solesmes (Semaine Sainte 1938ô) focalise en secret son dialogue avec Perrin qui, en « ami de Dieu » la force à regarder avec « la plénitude de lattention, la foi, les dogmes, les sacrements comme autant dobligations ». Perrin, très actif comme confesseur et prédicateur, convaincu du rôle des laïcs dans lEglise, le 4 août 1937, fonde avec Juliette Molland lUnion missionnaire des petites soeurs de Catherine de Sienne, qui deviendra plus tard Caritas Christi. Ce nest quune de ses nombreuses initiatives pour lesquelles il fera plus dune fois le tour des cinq continents, assisté par sa secrétaire Solange Beaumier.
Le Père Perrin discerne trois phases dans leur amitié spirituelle fondée sur la fidélité à leur vocation damour pour lhumanité et leur courage dinnovateurs pratiques qui, à mon avis, sont en train de donner bien des fruits pour la vitalité naturelle et surnaturelle de lEglise. 1re phase : du 7 juin au 14 octobre 1941 (lettre de Perrin à Simone qui se trouve encore aux champs). 2e phase : de novembre 1941 à fin mars 1942 : approfondissement du dialogue sur « lamour de Dieu » et « la volonté de Dieu » ; début du projet de choix des textes de mystiques chrétiens et non chrétiens. 3e phase : mi-mars mi-mai 1942 Lettre dadieu de Simone, son départ pour New York. Joseph-Marie Perrin apporte à Simone la tendresse et lharmonie de sa formation familiale qui lui ont inspiré pour toujours une compréhension particulière pour les femmes, Simone Weil lui révèle avec une confiance rare, voire unique, et louverture dune franchise totale lhistoire de son chemin avec le Christ. (editeur) |